True To Self, chronique de l’album de Bryson Tiller

Macy Gray feat. Nik West – Stop, Droll, Roll
27 juin 2017
Chaka Khan feat. B. Slade – I Love Myself
30 juin 2017

« Don’t, don’t play with her, don’t be dishonest / Still not understandin’ this logic »

D’après certaines sources très fiables (oui, mon intuition est très fiable), il y a environ 99,99% de chances qu’en tant que fan de R&B, toi aussi tu te mettes à lire ces phrases dans le rythme adéquat. Pour l’infime minorité ignorant à quoi ces paroles font référence , ce sont les premières mesures de la chanson qui aura permis à Bryson Tiller de se faire découvrir du grand public. Il aura fallu peu de temps à Don’t pour devenir le méga-tube R&B qu’on attendait depuis très (trop?) longtemps, propulsant le natif de Louisville sur le devant de la scène et faisant de lui le porte étendard de cette nouvelle tendance musicale appelée « trapsoul ». C’est d’ailleurs le nom donné à son premier album: TRAPSOUL, sorti en octobre 2015, fut acclamé par tous, aussi bien par les instances musicales que le publique, permettant au jeune chanteur de prouver qu’il ne se contenterait pas d’être un « one hit wonder ». Personnellement, cet album a été un de mes préférés de ces dernières années, et j’avais hâte de voir ce que Bryson nous offrirait par la suite…

Après un an et demi d’attente, Pen Griffey (un de ses pseudonymes, car apparemment tous les artistes sont touchés par la maladie de l’alter-ego), le bougre nous offre son deuxième album, intitulé True To Self, que l’on peut traduire par « fidèle à soi-même ». Je vais être direct pour le coup, mais si c’est pour nous offrir ce genre de projet, je préfère encore qu’il vive dans le déni et s’enferme dans une bulle de mensonge en permanence. Si c’est vraiment ça le Bryson Tiller fidèle à lui-même, je n’en veux pas ! Au fait, je dirais même que le nom de l’album est assez paradoxal car on a clairement l’impression que Bryson essaye trop souvent de faire plein de choses, sauf du Bryson… Des prod trop axées trap, trop d’égotrip pour un album étiqueté R&B, parfois même énervant vocalement, on est loin de la cohésion, de la maîtrise et de la musicalité de TRAPSOUL.

25f27b933ed193df22a7f3a349b8e081.1000x1000x1
1. Rain On Me (Intro)
2. No Longer Friends
3. Don’t Get Too High
4. Blowing Smoke
5. We Both Know
6. You Got It
7. In Check
8. Self-Made
9. Run Me Dry
10. High Stakes
11. Rain Interlude
12. Teach Me a Lesson
13. Stay Blessed
14. Money Problems / Benz Truck
15. Set It Off
16. Nevermind This Interlude
17. Before You Judge
18. Somethin Tells Me
19. Always (Outro)

Rien qu’à voir la tracklist de 19 morceaux, j’avais un mauvais pressentiment. Comme on le rétorque tous à notre pote trentenaire se vantant d’avoir une ribambelle de conquêtes, c’est super compliqué de combiner qualité et quantité. Malheureusement pour nous, Bryson n’a pas su faire exception à la règle, et nous offre un opus surchargé avec 19 morceaux. Pour ma part, y’en a au moins 7-8 (si pas plus) qui vont rapidement sortir de mon monde musical. Alors bien évidemment, y’a quand même quelques morceaux à se mettre sous la dent, mais après ce mois de jeûne, j’espérais enfin pouvoir me faire un festin digne de ce nom, me remplir de bonne musique au point d’aller acheter l’un ou l’autre pantalon élastique. Pour le coup, j’ai encore faim. Mais pour ne pas faire exception à ma méthode, je vais quand même vous donner les 5 morceaux principaux que j’ai appréciés dans l’album.

  • Don’t Get Too High : 3ème morceau de l’album, c’est le premier qui m’a tapé dans l’oeil l’oreille, et il a eu le mérite de ne pas me faire perdre espoir sur la suite de l’opus. Un peu plus up-tempo que ce à quoi il nous a habitués par le passé, Bryson reste quand même fidèle à son univers trapsoul ici, en délivrant ses phases chantées de manière saccadée tout en prenant le meilleur de l’instru assez teintée hip-hop. Logique, quant on sait qu’elle sample Backyard de Travis Scott. La thématique est assez simple, dans le sens où c’est pas la première fois qu’un artiste fait le rapprochement “love & drogue”, mais la particularité ici c’est qu’il demande explicitement à sa belle de faire preuve de retenue dans ses autres addictions. Bien évidemment, on ne va pas en faire la musique de fond d’une campagne de sensibilisation, mais la chanson passe bien dans tout autre contexte.
  • Something Tells Me : Le lead single pour cet opus, qui a directement été un coup de coeur pour moi. Dès la première écoute je suis tombé amoureux du beat, qui est déjà kiffant en lui-même, mais la manière dont Bryson pose dessus est un des rares moments où on retrouve l’esprit TRAPSOUL, ce qui en fait clairement la chanson phare de l’album. Après, on reste à des années lumières de l’impression laissée par Don’t au moment de sa sortie, mais le morceau reste globalement réussi et remplit parfaitement la mission donnée à chaque 1er single, à savoir donner envie à l’audience de vouloir découvrir le reste de l’album.

  • Run Me Dry : Le prototype même du morceau minimaliste fait sans aucune prétention mais qui, finalement, reste en tête facilement et a tout le potentiel pour exploser et plaire à tout le monde! C’est un peu le morceau “facile” de l’album mais, s’il y a bien une chose qu’on peut laisser à Bryson Tiller, c’est que la simplicité est quelque chose qui lui va plutôt bien. En plus, un morceau commercial qui ne donne pas l’impression d’avoir été conçu dans ce but là, c’est toujours bon pour les playlists, surtout à l’approche de l’été. Validé!
  • Set It Off : Bon, cette chanson c’est un ÉNORME oui pour le coup, et avec du recul c’est ma préférée de l’album. Un sample de You Are My Joy de Faith Evans, pour un Bryson retrouvé, tout en douceur, c’est ça qu’on veut! On a ici une ambiance posée pour accompagner les longues soirées d’introspection, ou les longues balades nocturnes en voiture… Damn, je m’y vois déjà. J’ai limite hâte qu’il m’arrive des soucis pour pouvoir m’y projeter à fond! Plus sérieusement, ce morceau est beaucoup plus profond que les autres, et pour cause, c’est une véritable ode à sa baby momma que nous délivre l’artiste. Son album a beau m’avoir déçu, il a quand même gagné ma sympathie à vie rien qu’à travers ce son, puisqu’il montre qu’il respecte le principe de base d’un vrai gars: toujours montrer de la considération envers sa ride or die (à prononcer “radoda”, à l’américaine svp).
  • We Both Know : Une instru propre et accrocheuse pour un sujet abordé maintes et maintes fois mais qui fonctionne pour la majorité des drama queen et âmes tourmentées fans de R&B, à savoir l’éternel dilemme du “je t’avais dit que je voulais pas me poser”. Bon, même si tu n’as pas l’âme d’un(e) enfoiré(e) (et je parle pas de la bande à JJ Goldman), tu peux quand même prendre ton pied sur ce son. Je ne le dirai jamais assez mais quand Bryson fait du Bryson et garde l’emprise sur son sujet, il est toujours kiffant à écouter, et c’est clairement le cas ici.

Alors vous l’aurez compris, j’ai fait l’effort de vous partager certains des morceaux auxquels j’ai adhéré, mais l’album m’a clairement laissé sur ma faim. Je ne dirai pas que c’est une déception, mais il s’en sort à peine avec la moyenne. Un banal 10/20, ni plus ni moins (et encore, je crois qu’inconsciemment je lui donne la moyenne parce que je n’aime pas revenir en rattrapages). Certes, il y’a un peu de partialité, dans le sens où je juge à la tête du client, mais logique que mes exigences pour un mec qui a mis tout le monde d’accord sur son premier opus ne soient pas les mêmes qu’un artiste qui fait de la merde 9 fois sur 10, non? On dit toujours que l’album de la confirmation est le plus difficile, et selon moi, True To Self en est la parfaite illustration.

Et vous, c’est quoi votre avis dans tout ça? Vous allez être en mode “Oh non Osman tu exagères, l’album est vraiment pas mal!”, ou vous allez me donner raison?

Lâchez-vous, on a hâte de vous lire!

Osman.

Comments are closed.