Chronique : « MusiqInTheMagiq », et la magie opère !

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Ce que j’admire chez Musiq Soulchild : 11 ans après Aijuswanaseing (2000), sa musique est toujours aussi bien travaillée qu’à ses débuts. Tout simplement parce que chaque nouvel album enregistré est conçu comme si c’était le premier. Et c’est dans cette optique qu’il nous propose MusiqInTheMagiq (dans les bacs depuis le 3 mai), sixième album d’une carrière loin d’être sur le déclin, pour un artiste loin d’être blasé.

Depuis son arrivée au sein du label Atlantic Records en 2007, année de sortie de Luvanmusiq, j’ai comme l’impression que Musiq a adopté la stratégie surprenante (mais risquée) de lancer des premiers singles peu représentatifs du contenu des albums. Et c’est encore le cas cette année. Le premier single “Anything” (feat. Swizz Beatz) est à MusiqInTheMagiq ce que “B.U.D.D.Y” est à Luvanmusiq, et surtout ce que “Radio” est à OnMyRadio (2008) : des premiers singles déconcertants. Heureusement, l’impression reste de courte durée : Musiq Soulchild dévoile ses cartes petit à petit mais au final, ses mains sont toujours gagnantes.

“ANYTHING” (feat. Swizz Beatz) : lorsque Musiq a dévoilé ce lead single il y a quelques mois, j’avais peur que Swizz Beatz soit le premier d’une longue liste d’invités sur l’album. Je n’ai rien contre les featurings, mais en général je préfère quand il y en a peu. Dans cette prod’ signée Jerry “Wonda” Duplessis, Musiq emprunte l’instru du morceau 80s “Walking Into Sunshine” du groupe de funk britannique Central Line, en y apportant une énergie supplémentaire et une touche pré-estivale agréable à l’écoute. Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’il pioche dans sa playlist spéciale années 80 : Musiq Soulchild avait aussi samplé le beat du morceau de Taana Gardner intitulé “Heartbeat” (1981) pour “B.U.D.D.Y” en 2007.

“SINGLE” : contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, il ne s’agit pas d’un énième morceau sur la vie idyllique d’un célibataire libre comme l’air, sautant sur tout ce qui bouge. Au contraire. Musiq met en scène un homme et une femme attirés l’un et l’autre. L’homme, déjà engagé dans une autre relation, tenant à le rester. Ce qui donne le refrain “If I met you when I was single, we’d probably could have been something more (for sure), because you’re beautiful. But you should know, that I found my girl, and I know I love her, so I just gotta go.” (“si je t’avais rencontré quand j’étais célibataire, on aurait été plus (que des amis). Mais tu devrais savoir que j’ai déjà quelqu’un et je l’aime. Donc.. je dois y aller”). Et cela fait plaisir d’écouter une soul music mise en valeur par des textes pour adultes.

Ecouter “Single”

“SAYIDO” : Musiq continue sur sa lancée “homme mature” dans ce morceau produit par Jerry Wonda. En bonus, un falsetto sympathiquement déployé tout au long du mid-tempo. “If we were famous or nameless / girl it won’t matter to me… and if it’s the ghetto or the good life / Hollywood or the hood / girl it’s whatever”. Engagement là encore, j’aime beaucoup son falsetto vulnérable qui rend la déclaration encore plus sincère.

Ecouter “SayIDo”

“LOVECONTRACT” : Tout de suite, j’ai pensé à un morceau de Raphael Saadiq et ai dû me refaire sa discographie pour me rendre compte que “LoveContract” ressemble beaucoup trop à “Love That Girl”!! La vibe old school sixties est évidente. La prod’ est signée ELEMENT, team norvégienne orientée soul/hip-hop, à qui l’on doit, entre autres, la version “Beggin” de Madcon, en 2008, et plus récemment, le single “It’s OK” de Cee-Lo Green. Il a fallu que Musiq suive, lui aussi, la tendance du revival oldies… Passons.

“SILVER&GOLD” : excellent morceau. Prod’ Jerry Wonda, à nouveau, avec une ambiance live. J’aime beaucoup quand les instruments se font bien entendre, sans pour autant surcharger la chanson. Et si, en plus, le thème de l’engagement durable est abordé, je ne peux qu’apprécier. “I will take you when you fall / I will answer when you call / I’ll always lend a hand when you need a friend / My love will never get old / it’s better than silver and gold”.

“WAITINGSTILL” : wow ! Là encore, le falsetto de Musiq fait son petit effet. Il faut croire qu’il se sent à l’aise dans ce registre… Un mid-tempo avec une excellente base de guitare, une instru sur laquelle El DeBarge ou Babyface auraient pu chanter, et toujours du sérieux dans les textes. “I do it for you, I do it for us, I do it so one day we can turn this love into a house and a home. Where you will never have to be alone and I promise you I’ll make it, I will…I hope you’re waiting still.” En clair, il espère qu’elle l’attendra quoi qu’il arrive, que tout ce qu’il fait est pour l’avenir de leur couple… A toute la nouvelle génération de jeunots qui s’improvisent crooners >> écoutez et prenez exemple !

Ecouter “WaitingStill”

“BACKTOWHERE” : quand Musiq Soulchild combine R&B/neo-soul ça donne un morceau que je risque d’écouter en boucle ces prochaines semaines ! J’ai bien aimé l’intro en gamme chromatique au piano que les fans de Donny Hathaway ne manqueront pas de comparer à celle de “A Song For You”. Difficile de faire plus ressemblant ! Mais la comparaison s’arrête là puisqu’ensuite, on découvre un excellent morceau R&B, appuyé par une production rappelant l’univers de The Dream (en nettement plus haut de gamme !), notamment quand Musiq répète les fins de phrase “back to where/ back back to where” puis “with you / with you/ with you”…

Ecouter “BackToWhere”

“DOWEHAVETO” : sans hésiter dans mon Top 3 ! Tant pour sa mélodie que pour son thème, je retrouve sur ce titre le Musiq Soulchild que j’aime. Et hop, encore une intro à la Donny Hathaway (“Do we have to fight all night / I just wanna love you”). En clair, faire marcher une relation sur le long-terme est suffisamment difficile pour qu’en plus, l’un des deux (en l’occurrence, la femme) soit abonné aux disputes/scènes de ménage/prises de tête. Musiq a visiblement tout compris!

Ecouter “DoWeHaveTo”

“BEFRIENDS” : plus j’avance dans la tracklist, plus MusiqInTheMagiq marque des points. “No I don’t wanna be friends, ’cause I’ve already started loving you”. Tous ceux qui ont déjà vécu dans la “zone amitié” tout en espérant être plus que l’ami(e) de l’autre n’auront aucun mal à comprendre la situation de Musiq dans ce morceau 100% neo-soul qui passe vraiment bien.

“YES” : le 2ème single officiel est, comme “LoveContract”, produit par ELEMENT. Quand Musiq décide de s’engager durablement dans la relation, on peut être sûr qu’il tiendra ses promesses. “When 2 or 3 years from now, you start having some doubts about if this love will last, the answer is Yes,” / “Cause I love you, all I care about is your hapiness, so the answer is Yes”. Wow !

Ecouter “Yes”

“MEDICINE” : je ne perçois aucune connotation sexuelle quand il chante “Turn the lights, down low / find some music, turn off your phone / come to me, let me be your medicine / I can be your medicine”. Cela reste cohérent avec le reste de la tracklist. Ecouter Musiq assurer toute la partie mélodique sur une instru minimaliste est plus qu’appréciable… “SoBeautiful” a trouvé son successeur !

“LIKETHESUN” : ça aurait pu mais non, ce n’est pas une production signée Ryan Leslie. Simplement une nouvelle direction musicale testée par l’artiste. Synthétiseur et effets futuristes, très peu pour moi mais cela reste bien au-dessus des autres titres actuels évoluant dans ce même registre (Drake, Chris Brown, si vous me lisez). Un trip expérimental qu’il risque de renouveler sur ses prochains albums. Enfin, tant que ça reste de l’extra (1 morceau par album, pas plus !)…

Ecouter “LikeTheSun”

Pour conclure, MusiqInTheMagiq est à la fois la continuité et le renouveau de ses prédécesseurs. En entamant l’album avec une idée préconçue sur ce que j’en attendais, j’ai tout logiquement été surprise par certains titres. Mais ce sixième opus vaut le détour, plus je l’écoute, plus je l’apprécie. Le grand absent de la trackliste finale est, à mon avis, le titre “Alphabet”, qui circulait pourtant depuis mars. N’y avait-il vraiment aucune place pour ce morceau? (il n’est pas non plus dans l’édition Deluxe ni l’édition iTunes…).

Aux autres abonnés absents, qui font que cet album n’aura sans doute pas le statut de “classique” ou “référence” à l’inverse de Aijuswanaseing ou Juslisen, le duo Ivan Barias & Carvin Haggins, collaborateurs de longue date du chanteur, à l’origine de quelques-uns de ses meilleurs titres (et omniprésents sur ses 4 premiers albums!), ainsi que le producteur James Poyser qui aurait pu, lui aussi, apporter sa touche personnelle pour faire de l’album un incontournable.

Mira R.

DISCOGRAPHIE

0 Comments

  1. STRiiTSoOL dit :

    [b]Chouette chronique Mira ![/b]

  2. Ania dit :

    Yes ! Et des feedbacks que je rejoins dans l’ensemble. 🙂

  3. VaLty dit :

    Bim Bim, plutôt d’accord dans l’ensemble !!! A part peut être pour la référence à R LeSs, il manque le bon vieux Kork !!! Single, Yes, Medicine, Dowehaveto, Befriends….Un bel album qui fait plaisir à mes oreilles, les temps sont durs en Italie coté Rnb…

  4. Buscape dit :

    Belle chronique, très plaisante à lire. Merci Mira. 🙂

  5. Ania dit :

    Aie Valty, je te plussoie, les italiens ont beaucoup de goût… Mais pas question musique nan nan ! Bon courage ! 🙂

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