Glenn Lewis, de Toronto à Paris…

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Auteur d’un unique album acclamé par la critique, Glenn Lewis s’est rapidement imposé comme l’un des espoirs les plus prometteurs de la nouvelle scène Soul internationale. Porté par le succès de World Outside My Window, sorti en 2002, l’artiste met au point un second album, Back For More, qui ne voit, hélas, jamais le jour. Aujourd’hui, le chanteur canadien prépare son retour. Soulrnb.com est parti à la rencontre de l’artiste, en visite à Paris en décembre dernier. L’occasion pour Glenn Lewis de revenir sur son parcours : de son arrivée à Philadelphie à sa rencontre avec Stevie Wonder, en passant par l’aventure chaotique du second album. Entre passion, désenchantement, générosité et humilité…

 

Salut Glenn ! C’est un réel plaisir de te rencontrer. Est-ce ton premier séjour à Paris ? Hey Soulrnb, merci ! Et bien non, ce n’est pas la première fois que je viens chez vous. Je suis déjà venu en France, en 2002 ou 2003, pour assurer la promotion de mon premier album, World Outside My Window. J’avais fait un showcase à Paris. Par contre, tu m’excuseras mais impossible de me rappeler le nom de la salle… Pourtant, j’essaie et j’essaie (rires) ! Quoiqu’il en soit, j’avais beaucoup aimé. Paris est une très belle ville, les gens ont été accueillants et très réceptifs pendant mon show, j’y avais pris beaucoup de plaisir.

J’ai lu que tu avais été animateur adolescent. A quel moment tu as voulu être chanteur ? Quel a été le déclic ? J’adore l’animation oui, et j’avais vraiment envie de continuer dans cette voix. Puis j’ai commencé à m’intéresser à la musique, et au fil de mes découvertes, je me suis rendu compte que c’était vraiment ce que je voulais faire. J’adore la musique et le fait de pouvoir t’exprimer à l’aide d’une chanson. En plus, je suis issu d’une famille de musiciens. Mon père est chanteur/songwriter et joue de plusieurs instruments, ma mère est chanteuse/songwriter, je ne pouvais pas passer à côté. J’ai vraiment eu le coup de foudre quand j’avais 16 ans et je ne me suis jamais revenu en arrière.

Ce sont tes parents qui t’ont donné l’envie de devenir chanteur ? J’imagine qu’ils sont tes premiers supporters. Oui, vraiment ! Ma mère m’a toujours soutenu, elle m’a toujours encouragé. Mon père aussi… Mais dans une moindre mesure. A cette époque, il n’était pas vraiment dans ma vie. Il poursuivait sa propre carrière et était donc très occupé. Ca a mis beaucoup de temps avant que nous construisions une vraie relation père-fils. Mais il savait que je me lançais dans la musique et me soutenait à sa manière. Il ne m’a jamais empêché de me consacrer à ma passion. Ma mère était seulement plus présente, elle a eu un rôle très protecteur, car effrayée par cet univers qu’elle connaît bien. Elle sait à quel point à l’industrie musicale peut être véreuse et impitoyable. Elle m’a conseillé et m’a soutenu dans mon développement artistique.

Tu as sorti ton premier single “Thing to Do” en 1997, mais ton premier album n’est sorti que cinq ans plus tard. Pourquoi… … Pourquoi tant de temps (rires) ?

(Rires) Oui, voilà, pourquoi un tel écart ? Que s’est-il passé en cinq ans ? Le premier single “Thing to Do” est tout d’abord sorti au Canada. Et tu sais, pour moi comme pour beaucoup d’autres artistes canadiens, c’est difficile de faire carrière avec ce genre musical qu’est la Soul. Le public canadien supporte la musique, certes, mais mon style musical n’est pas vraiment populaire là-bas. Les canadiens soutiennent la musique qui passe en radio, les artistes médiatisés. Donc les artistes Soul et même hip-hop, s’ils veulent vraiment réussir, sont obligés de s’exporter aux Etats-Unis. Les américains sont bien plus réceptifs à ce type de musique, ça fait partie de leur culture. C’est beaucoup plus simple de poursuivre une carrière d’artiste Soul aux States qu’au Canada et d’emmener ta carrière au niveau international. Du coup, j’ai fait le choix de quitter Toronto pour m’installer à Philadelphie. Et entre la sortie de “Thing To Do” et la sortie de mon premier album, cinq années se sont écoulées, le temps de déménager, d’établir mes connexions et constituer mon réseau, d’enregistrer, etc.

On en vient donc à ce premier opus, World Outside My Window. Certains ont affirmé que tu incarnais le renouveau de la scène Neo Soul, à l’instar de Musiq Soulchild, par exemple, et beaucoup d’artistes ont, à l’époque, fait l’éloge de ta musique. Comment est-ce que tu as réagi ? Comment gère-t-on un tel accueil ? Ca a été une grande surprise pour moi. Je suis un artiste, et les artistes font de la musique parce qu’ils sont fous de ça. On met tout dans notre musique, c’est pour nous un moyen d’expression mais aussi, un moyen d’établir une connexion avec les gens. Le public veut cela lui aussi, c’est d’ailleurs, la principale raison pour laquelle on fait ce métier. Donc le fait que ma musique soit reconnue et appréciée par mes pairs, ou même, le simple fait que quelqu’un m’aborde dans la rue pour me saluer, me féliciter, ou m’envoie ne serait-ce qu’un email, ça signifie énormément pour moi et ça m’aide à bien faire mon boulot. D’ailleurs, c’est assez incroyable le nombre de personnes que j’ai eu l’opportunité de rencontrer simplement grâce à ma musique et parce qu’ils ont ressenti des tas de choses en l’écoutant. Tout ça fait beaucoup de bien, vraiment.

Back For More devait être ton second album mais il n’est jamais sorti. Peux tu nous dire pourquoi ? Et bien… Comme tu le dis, Back For More était sensé être mon second LP. C’est aussi le titre du single qui devait lancer cet album. Tu connais la suite, le single est sorti mais pas l’album, pour un tas de raisons… En gros, à ce moment, l’industrie musicale connaissait de profonds changements et plusieurs personnes qui travaillaient chez Sony Records à l’époque de mon premier disque n’étaient plus là quand je suis revenu. C’étaient de vrais passionnés, ils croyaient en moi et en mon projet. Ils ont été remplacés. Et du coup, parfois, quand de nouvelles têtes intègrent les majors, elles ressentent ce besoin de prouver de quoi elles sont capables, elles se disent qu’elles doivent faire leurs preuves. Du coup, ces mêmes personnes arrivent avec leurs propres artistes, qu’elles souhaitent mettre en avant et dont elles font une priorité. Et au même moment, parfois, d’autres artistes perdent la priorité. C’est ce qui m’est arrivé. J’ai donc du choisir si je voulais rester, construire de nouvelles relations avec ces arrivants, chose qui allait prendre un certain temps, et probablement rencontrer encore plus de difficultés pour sortir ce second opus. Ou bien, je pouvais m’en aller. Et j’ai décidé de partir. Back For More n’est donc jamais officiellement sorti.

Mais on peut tout de même en trouver une version unreleased sur Internet… Oui, il a visiblement été leaké… Je ne sais pas comment, je ne sais pas par qui, mais aujourd’hui, je pense que ce n’est pas une si mauvaise chose.

C’est dommage, il y avait de superbes chansons sur cet opus. Je pense notamment à “Missing My Woman” que j’ai énormément écoutée… (Rires) Oh oui ? Merci beaucoup ! C’est dommage, en effet. J’étais vraiment déçu qu’il ne sorte pas… Mais avec le temps et notamment quand j’ai réalisé à quel point l’industrie était en train de changer, j’ai fini par me dire que c’était une bonne chose qu’il ne sorte pas à ce moment… Mais qu’une version de l’album soit cependant disponible sur Internet. Tu sais, pour moi, la chose la plus importante est de te connecter avec tes fans et de leur donner quelque chose. Donc le fait qu’ils aient eu cet inédit à écouter pendant que je travaillais sur d’autres sons et tentais de sortir un autre album, est un excellent point. Beaucoup de personnes m’ont écrit « Oh j’aime tellement cette chanson ! Pourquoi n’as tu pas sorti cet album ? » et moi « Heu… Oh, tu sais… » (rires). C’est bien que le public ait pu écouter quelque chose et avoir de quoi patienter, même si ce n’était pas un album officiel.

Tu t’es fait discret après cela, qu’as tu fait pendant tout ce temps ? Je me souviens de quelques morceaux comme “Storm”, “Can’t Live Without You”, disponibles sur ton myspace en 2006-2007 mais c’est tout… Où étais-tu (rires) ? (Rires) Et bien, j’ai travaillé, travaillé et encore travaillé. J’ai signé de nouveaux contrats mais pour des raisons liées au business, rien n’a jamais véritablement abouti (je dois bien avoir trois albums qui sont restés sur les étagères). Du coup, j’ai continué à travaillé dans mon coin et j’ai passé beaucoup de temps avec mes proches. Aujourd’hui, je prends tout ça avec philosophie, ça m’a renforcé et ma situation actuelle est vraiment cool. Les choses avancent enfin. Je termine mon nouvel album, qui devrait être disponible au printemps prochain, mon nouveau single “Good One” sort officiellement en Janvier 2011. Tout va bien.

C’est vraiment une bonne nouvelle. Tu as travaillé avec Dre & Vidal ainsi que Marsha Ambrosius sur ton premier album. Comment les as-tu rencontrés ? Oh Marsha… Elle est étonnante, brillante. La première fois que je l’ai vue, c’était aussi la première fois que je venais à Philadelphie. Je venais rencontrer l’équipe de A Touch Of Jazz, dont DJ Jazzy Jeff est le principal producteur. Je me rappelle très bien de ce moment, tout le monde n’arrêtait pas de parler de Marsha Ambrosius, gros gros buzz ! On m’a fait écouter les titres qu’elle avait écrits pour moi, et j’ai littéralement adoré. Une voix unique, un vrai style d’écriture, une artiste capable de chanter, de jouer, bref, Wonder Woman (rires) ! Quand j’ai commencé mes sessions studios quelques heures plus tard, elle est arrivée et on me l’a présentée, on a tout de suite accroché. C’est assez amusant d’ailleurs parce que j’avais là mon premier deal, et elle aussi avait son premier deal (ndlr, avec son groupe Floetry), donc on vivait plus ou moins la même chose tous les deux. On a vraiment sympathisé. Tu sais, elle adore le basket, donc on a joué quelques parties, on est sorti tous les deux, on est allé au ciné, ce genre de choses. Elle est vraiment géniale. Marsha a écrit en tout cinq chansons sur World Outside My Window.

Tu nous disais à l’instant que tu prépares ton nouvel album. Comment le sens-tu cette fois ? Est-il fini ? Oui, il est pratiquement terminé. L’essentiel est fait et le résultat est vraiment bon. J’ai encore quelques finitions à apporter mais il est quasiment prêt. On est toujours en contact avec Marsha, j’aurais vraiment aimé travailler avec elle sur ce nouvel album, mais elle est très occupée en ce moment. Elle prépare la sortie de son premier projet solo, il y a son single “Hope She Cheats On A Basketball Player”, qui est également sorti récemment. Conclusion, on n’a pas pu accorder nos emplois du temps, cette fois.

 

Tu as retrouvé les partenaires de tes débuts, Dre & Vidal. Comment ça s’est passé ? Dre & Vidal, c’est un peu ma deuxième famille. On est vraiment connectés tous les trois, et même au-delà de la musique. Quand je me suis installé à Philadelphie, ils m’ont accueilli à bras ouverts. Ce n’était pas évident pour moi car tout m’était inconnu. Je débarquais de mon Canada (rires), je ne connaissais personne, j’arrivais dans ce nouvel environnement, dans ce nouveau pays, dans cette nouvelle ville. Ils ont été là et m’ont soutenu. Ils m’ont accueilli chez eux, m’ont présenté à leurs familles, leurs mères cuisinaient pour moi (rires) ! Ce sont deux individus incroyables et ils me connaissent parfaitement, tant sur le plan humain que sur le plan artistique. Ils connaissent mes zones de confort, ce que j’aime. Et en même temps, ils savent me motiver, me faire travailler et me pousser à donner le meilleur de moi-même. Ils sont comme un booster pour moi et me font vraiment avancer.

T’es-tu entouré d’autres professionnels sur cet album ? Et bien, j’ai travaillé avec un très bon ami, Maurice Wilcher, c’est un jeune producteur très talentueux. Il a produit la chanson “Better With Time” sur le nouvel album. C’est le seul autre producteur à qui j’ai fait appel sur ce nouveau disque. Le reste est produit par Dre & Vidal. A ce propos, c’est assez marrant car j’avais vraiment envie de travailler avec d’autres producteurs… Mais à partir du moment où je suis entré en studio avec eux et qu’on a commencé à travailler… On n’a plus été capables de s’arrêter. Et voilà l’album (rires) !

Est-ce que des duos sont prévus ? Non, il n’y aura, à priori, pas de duos sur l’album. L’attente a été tellement longue… Que la seule chose que j’ai voulu donner à mes fans… C’est MOI et seulement moi.

A propos d’attente, j’imagine que tu sais à quel point nous sommes impatients de découvrir ce nouvel album ? Tu as énormément manqué à ton public ! (ndlr, Glenn éclate de rire) Alors ça, je suis au courant, crois moi ! J’ai reçu tellement de messages pendant tout ce temps !

(Rires) En quoi, dirais-tu que cet album est différent du précédent ? Et bien, comme n’importe quel artiste, j’évolue. Pendant ces années d’absence, j’ai vécu des choses, j’ai traversé des périodes difficiles, j’ai perdu des proches. Maintenant, je considère que dans toute expérience négative, il y a du bon à tirer, on ne le comprends parfois qu’avec le temps. J’ai beaucoup appris dans l’adversité et ces différentes phases de ma vie ont contribué à me renforcer et à me développer. Ca m’a aussi donné davantage de motivations et de raisons de travailler dur et de donner aux gens ce qu’ils attendent. Quand j’ai réalisé comme le monde changeait, comme l’industrie musicale évoluait… Je me suis senti comme… J’ai voulu faire un album qui respectait les traditions du R&B, qui se focalisait sur l’intégrité de la musique et des lyrics. J’ai aussi cherché à faire des chansons que le public peut vraiment “sentir” et “embrasser” comme une bouffée d’air frais. Quelque chose qui accompagnerait les gens dans leur vie, au quotidien. De nos jours, il y a une surabondance de musique, il y a des tas de bonnes choses qui en émergent… Mais d’un autre côté, toute cette musique qui prolifère… Tu l’écoutes là, aujourd’hui… Et simplement aujourd’hui. J’ai l’impression générale qu’une grande partie de la musique d’aujourd’hui ne pourra pas être revisitée dans cinq ou dix ans et qualifiée de “classique” : “Ca. C’est MA chanson préférée”. Du coup, mon ambition sur cet album a été de proposer quelque chose qui pourra encore être écouté dans trois, dix ou vingt ans sans problèmes. Une musique que les gens auront plaisir à réécouter et à de laquelle ils diront peut être “Quel album incroyable”. Même quinze années plus tard. C’est ça ma motivation aujourd’hui. Et c’est à l’aide de toutes ces expériences bonnes comme moins bonnes que j’espère y arriver.

“Good One” (Prod. Dre & Vidal)

Tu as écrit une grande partie de ton premier album. Est-ce que c’est aussi le cas sur ce nouvel opus ? Oui j’avais tout écrit sur World Outside My Window, exceptés les cinq titres écrits par Marsha. Là, j’ai écrit le tiers de l’album. Les deux autres tiers ont été écrits par des songwriters, j’ai notamment travaillé avec ce jeune auteur, DJ Sledge, un artiste brillant, très reconnu dans son milieu. Il a écrit quatre morceaux.

Et est-ce tu aimerais, à ton tour, écrire pour quelqu’un d’autre ? Si oui, pour qui ? Hum, j’aimerais oui ! Et si je devais écrire pour UN seul artiste… Et bien j’aimerais que cela soit pour Beyoncé. Je sais que la réponse peut étonner mais je suis vraiment amoureux de sa voix, et si l’occasion se présentait, j’aimerais vraiment le faire et lui proposer quelque chose de différent, quelque chose qu’elle n’a encore jamais chanté jusque là.

Je sais que tu es un inconditionnel de Stevie Wonder (à qui tu as d’ailleurs été souvent comparé à tes débuts). J’ai lu que tu l’avais rencontré et qu’il adorait ta musique… Ca fait quoi d’être “admiré” par son idole ? Comment s’est passée votre rencontre ? Oui… Incroyable et tellement inattendu (rires) ! Lorsque j’ai rencontré Stevie Wonder pour la première fois, et c’était justement à l’époque où je rencontrais des difficultés avec la sortie de mon second effort, il est venu à ma rencontre, il m’a donné son téléphone et m’a dit “Si tu as des questions ou besoin de quoique ce soit, appelle moi.” Wow, impensable ! Quelques temps après, j’ai su qu’il donnait un concert à Toronto, du coup, je l’ai appelé. Je lui ai laissé un message “Hey Man, c’est Glenn Lewis, j’ai entendu dire que tu te produisais bientôt à Toronto, je compte venir, ça sera l’occasion de nous revoir et d’échanger un moment !” Il a rappelé. Il a mis quelques temps mais il l’a fait. Et le comble, c’est que je ne l’ai pas reconnu tout de suite (rires)… J’ai décroché (ndlr, il mime) “Hey Glenn, comment ça va ?” et moi, “Heu, qui est-ce ???… Oh Stevie ? OMG, excuse moi, je ne t’avais pas reconnu, comment ça va ?” (rires). On a discuté un moment, puis il m’a invité à son concert. Ca tombait le même jour que l’anniversaire de ma mère, je l’ai donc emmenée avec toute ma famille. A l’approche de la fin du concert, j’étais là “Okaye, bon, il ne m’a pas appelé sur scène, tout va bien !”, un peu stressé tu sais (rires). Et à la fin du show, j’entends “Ok, mesdames et messieurs, je voudrais vous présenter quelqu’un et j’aimerais que vous l’accueilliez comme il se doit… J’appelle Glenn Lewis à me rejoindre sur scène”. Mon Dieu, j’étais si stressé (rires) ! Dingue. Mais quel moment, partager la scène avec lui… Il a vraiment une belle âme et a été super avec moi. Il a été là, à m’observer du coin de l’œil, à m’encourager, je le remercie pour ça. En plus de sa musique, qui est simplement intemporelle, c’est quelqu’un de très humain.

Quels sont les autres artistes qui t’inspirent ? Je suis très éclectique, j’écoute de tout. En plus de Stevie Wonder, j’adore Sting, The Police, j’aime aussi Steely Dan et Johnny Mitchell ainsi que les Beatles. Sinon, je suis un grand fan de hip-hop : A Tribe Called Quest, Mos Def, Snoop et Jay-Z. A leur manière, tous ces artistes, complètement différents, m’inspirent.

Tu as chanté Fall Again pour le film Coup de Foudre à Manhattan. Cette chanson était initialement destinée à Michael Jackson, pour son album Invincible. Michael a sorti, sur Internet, une démo de la chanson, quelques temps après toi. Comment as-tu réagi ? Je veux dire, ça doit être très gratifiant non ? Oui. Et c’est assez amusant car au début, je ne savais pas qu’il avait enregistré une démo de la chanson. Du coup, quand ma version est sortie, ce n’est que longtemps après que j’ai découvert sa démo, j’ai su qu’il avait même préparé un mix réunissant nos deux voix et ça m’a vraiment touché. Tu sais Michael est comme un héros pour moi, enfin… De qui n’est-il pas le héros (rires) ?

Comment as-tu réagi à l’annonce de son décès ? Quand j’ai appris la terrible nouvelle, je me suis senti comme n’importe quel autre passionné de musique… Ca m’a anéanti, j’ai ressenti une profonde tristesse et j’ai même pleuré. Triste par la nouvelle et aussi car j’avais perdu à cet instant toute opportunité de le rencontrer un jour. J’ai eu la chance de rencontrer Janet, du coup, j’espérais secrètement rencontrer Michael… Mais voilà, la vie en a décidé autrement, c’est ainsi. Ca a vraiment été un moment difficile pour moi car j’ai aussi ressenti tout le mal être qu’il a pu vivre tout au long de sa carrière. Je veux dire, cet artiste, cet homme a tellement fait pour la musique, il a tellement donné en tant qu’artiste et en tant qu’être humain… J’ai l’impression que la business machine l’a complètement broyé. C’est probablement ce qui m’attriste le plus. Parce que non, je ne crois pas que son heure était venue, je suis persuadé qu’il avait encore beaucoup à nous offrir et c’est très injuste. Je crois qu’il avait des pressions immenses sur les épaules et qu’il n’était pas toujours bien entouré. Tu vois, des profiteurs, des gens jaloux qui ont tout fait pour le détruire. Finalement, ils y sont parvenus. Et ça, c’est, je crois, le triste reflet du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Que quelqu’un d’aussi talentueux, d’aussi généreux procure autant de joie dans le monde, réunisse autant les gens, fasse autant pour la musique… Et ne reçoive, en retour que du négatif, c’est naze. C’est le genre de choses qui me touche beaucoup, en tant qu’artiste.

Je vais revenir un instant sur ta musique, si tu devais recommander une seule chanson à quelqu’un qui ne te connaît pas encore, laquelle lui conseillerais tu en priorité ? Oh, excellente question ! Hum… Tu vois, je lui dirais d’écouter mon nouvel album… Mais il n’est malheureusement pas encore sorti, arf (rires) ! Mmmh, sérieusement, je te répondrais… Je dirais probablement… Ah ce n’est pas facile ! Mon choix se porterait sur deux titres : “Fall Again” et “Don’t You Forget It”. Tout simplement parce que je connais l’impact que ces deux tires ont eu et continuent d’avoir sur les gens. Je veux dire, ce sont deux singles qui ont très bien marché et suscitent toutes les attentions de mes fans, encore aujourd’hui. Du coup, si ces deux titres plaisent autant et à un si grand nombre, je pense que ce sont les deux à recommander en priorité à quelqu’un qui ne connaît pas mon univers.

On est donc à J-1 de ton concert au Bizz’Art, comment tu te sens Glenn ? Tu es stressé ? Pas de stress non… Mais une énorme impatience (rires). Je ne peux plus attendre ! J’ai reçu tellement d’emails de votre part, vous, français, que là, je crève d’impatience de vous revoir demain soir. Vous êtes tellement nombreux à m’avoir écrit pour me demander “Hé Glenn, quand est-ce que tu viens nous rendre visite en France ?!”, que quand mon manager m’a dit “Ok Glenn, apprête-toi à t’envoler pour Londres, Paris, etc.”, j’étais si content ! Je suis bien là, j’ai vraiment hâte à demain soir… Oh yeah !

Et nous donc (rires) ! Merci beaucoup Glenn, je te souhaite un bon concert, un bon séjour sur Paris et bien sur, la réussite dans tous tes nouveaux projets !

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DISCOGRAPHIE

0 Comments

  1. VaLty dit :

    Chapeau bas pour cette interview Ania !!! J’ai pris un grand plaisir à le lire…

    Ca fait peur de voir qu’un artiste de cette envergure peut autant galérer pour sortir un album.
    Il ne l’a pas mentionné mais il s’est mangé le conflit d’Underdogs en pleine face aussi, coup du sort à répétition pour ce chanteur en or.Le principale c’est de voir son album dans les bacs, comme quoi à force de persévérance, on arrive à tout.

    Ps : Sympa la petite dédicace pour les Beatles avec la magnifique pochette d’Abbey Road dans la vidéo. 🙂

  2. Ania dit :

    Ah oui, c’était affiché là où on a fait l’interview, les murs étaient d’ailleurs recouverts de posters, tableaux, etc. Je me rappelle d’une affiche des Nubians, notamment.
    Je ne sais plus comment s’appelle cet endroit, peut être que Jazz s’en souvient… C’est un studio dans le 20°.

    Merci Valty, on n’est effectivement pas revenu sur les déboires avec U Dogs, trop pressés par le temps malheureusement… Plusieurs questions prévues n’ont pas pu être posées, c’est dommage mais les emplois du temps d’artistes… Font chier. ;D

    Il mérite vraiment de retrouver le succès, un tel artiste, avec autant de qualités artistiques et humaines gagne à être connu, vraiment. Je pense que tout ceci se sent dans l’interview, on a en tous cas, passé un très bon moment avec lui. 🙂

  3. STRiiTSoOL dit :

    [b]J’ai également lu et apprécié la chose …
    Beau boulot FLoan ![/b]

  4. Ania dit :

    Yes, thanks ! 🙂

  5. Dizzle dit :

    Pas mal de passages que j’ai également beaucoup apprécié :
    – la Soul n’est réellement reconnu qu’aux États-Unis, c’est culturel ! (Dommage qu’ailleurs, on a plus du mal à saisir la sensibilité et la profondeur de cette musique)
    – ses rencontres avec Marsha Ambrosius, Dre & Vidal, Stevie Wonder
    – sa volonté de faire un album considéré comme CLASSIQUE, comme il a presque réussi à faire avec WOMW, les derniers sons de Usher, j’suis pas sur qu’on les ressorte plus tard, contrairement à ses tueries 90’s que je m’écoute encore régulièrement… bref…
    – son regard sur la mort de MJ du point d’un artiste : MJ était généreux, même avec ceux qui lui voulait du mal et qui ont réussi à le détruire…

    Bref, très intéressant, j’espère qu’on aura l’occasion de faire un part II lors de la sortie de son album (et que je serai de la partie ! :P)

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