Chronique : « F.A.M.E. », album à deux visages, bilan en demi-teinte

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Bipolaire est probablement le premier terme nous venant à l’esprit après découverte, hier dans un studio parisien, du nouvel et quatrième effort de Chris Brown, F.A.M.E. (Fans Are My Everything / Forgiving All My Enemies), faisant suite à Graffiti, sorti en 2009.

En effet, le chanteur, que l’on découvrait en 2005, propose ici un assortiment de 18 titres (pour la version Deluxe), presque tous co-écrits par ses soins, progressant à des niveaux différents (dans tous les sens du terme).

Tant dans sa couleur sonore que ses collaborations, F.A.M.E. évolue dans deux univers autrefois diamétralement opposés : le premier très urbain, puis la dance, trouvant de plus en plus d’adeptes du côté de nos stars R&B, ne résistant plus à l’appel des sirènes européennes. Pour cette partie, qui monopolise malheureusement bien trop l’album, Chris Brown s’entoure notamment de DJ Frank E et préfère Benny Bennassi à David Guetta (déjà passé de mode ?). Autant dire que l’enchaînement de certaines pistes fait plutôt mal tant le virage à 180° est rude (“Yeah 3x” annonçait la couleur) et ne trouvera clairement pas preneurs chez nous.

Passée l’épreuve Euro/Dance, on retrouve le Chris Brown adepte des productions urbaines bien grasses, à l’instar de “Deuces”, “Love Them Girls”, où Polow Da Don offre au chanteur une production dans la lignée de son travail avec Keri Hilson, de l’efficace “Papers, Scissors & Rock”, signé Timbaland, mais surtout du ravageur “Look At Me Now”, où Breezy fait appel à Lil Wayne et à un Busta Rhymes en très grande forme, qui emporte littéralement le morceau de son flow déboussolant. Chris Brown ancre d’ailleurs un peu plus ses influences hip-hop avec cet opus, puisqu’il s’essaye, avec une certaine aisance, au rap sur “Bomb”, titre présentant cependant trop d’artifices, autre point fâcheux de ce disque. F.A.M.E. donne une importance particulière à l’habillage et aux apparences, à l’aide de productions ultra-sophistiquées, au détriment, parfois, du contenu.

Plusieurs titres rehaussent toutefois le niveau global de l’album à l’exemple de “Up 2 You”, produit par les U-Dogz, slowjam dans la plus pure lignée du R&B ancienne école, et de l’excellent “Wet The Bed”, deux réussites majeures de cet album. Quelques regrets se font sentir à l’écoute de “She Ain’t You”, faisant presque office de “pétard mouillé” tant l’affiche attire mais la sauce ne prend pas. Le morceau pêche notamment au moment des couplets où l’interprétation de Chris Brown ne colle définitivement pas à l’instru et à l’ambiance groovy générale du morceau, rappelant malheureusement trop comme ses prédécesseurs (“Human Nature” de Michael Jackson, ici samplé, et “Right Here” de SWV dont les percussions sont reprises), ont anciennement triomphé.

Vient alors “All Back”, jolie surprise de ce disque, produit par Timothy Bloom, valeur montante de la scène R&B/Nu Soul. Les accords de guitare ponctuant la mélodie créent une atmosphère teintée de bleu assez différente de ce qu’on connaît de l’artiste. Et c’est bien dans ce registre plus épuré et plus proche de ses racines R&B, où l’on constate une vraie progression dans l’interprétation et la performance vocale, que Chris Brown excelle. Un style sur lequel il a bien du mal à capitaliser, ayant pourtant les atouts pour, comme l’annonçait son premier disque éponyme, en 2005. Aujourd’hui, après le médiocre Graffiti, passé sous silence pour des raisons purement hors-sujet, Chris Brown lorgne pourtant de plus en plus sur le sillon musical tracé par son ancienne compagne, Rihanna

En conclusion, un disque en demi-teinte, ni trop pop, ni trop hip-hop, ni trop R&B… Mais bien un mélange parfois risqué des trois. Chris multiplie les directions artistiques, au risque d’en perdre certains en chemin avec un album qui trouvera sans doute acquéreur chez les amateurs de sons clubs, mais séduira plus difficilement les fans de la première heure, celle de “Say Goodbye”,”Yo” ou encore “Winner”.

On garde : “Up 2 You”, “Look At Me Now”, “All Back”, “Papers, Scissors and Rock”, “Wet The Bed” et “She Ain’t You” (pour le clin d’oeil et la nostalgie).

Up 2 You

Wet The Bed (feat. Ludacris)

All Back

Dans les bacs le 21 Mars.

A noter que Chris Brown a récemment affirmé qu’il préparait d’ores et déjà la sortie d’un nouvel album (dans 6 mois), Fortune, qui n’est autre que la suite de F.A.M.E. Deuxième acte d’une apparente trilogie pour laquelle l’artiste aurait enregistré plus de 400 morceaux !

0 Comments

  1. Dizzle dit :

    Très bonne chronique, même si l’envie d’écouter le LP ne suit pas forcément…

    Je pense que tu as cité les meilleurs titres “Deuces”, “Up 2 You”, “All back”, “Wet The Bed” (très bon !)… Et je rajouterai “No B***S****”…

    … Mais comme tu le soulignes également, on sent Breezy limité, et la preuve en est avec “No BS” repris par Raheem DeVaughn qui montre que le morceau est en fait excellent, une fois revu et corrigé !

  2. DreamyZaza dit :

    y font C…. à tous virer vers d’l’electro , dance …
    enfin bon y surf sur c’qui “marche “

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