Après avoir été acclamé dans différents festivals européens, l’étoile montante du R&B Gallant est passée par Paris et nous a conviés à une interview exceptionnelle.
Nous en avons profité pour discuter de son album Ology (avec une étonnante comparaison), de ses collaborations, de ses projets et du téléchargement illégal.
Bonjour Gallant ! On te remercie d’ accorder cette interview à SoulRnB.com ! Comment ça va ?
Merci à vous de me donner l’opportunité de me faire connaître davantage en France !
Ton album Ology est sorti en avril dernier. On pense vraiment qu’il s’agit là d’un des meilleurs albums de l’année. En créant cet album, quelles émotions as-tu souhaité faire passer aux auditeurs ?
En fait, j’ai commencé cet album pour moi-même. Quand j’ai commencé à faire de la musique, je ne l’ai pas fait dans le but qu’elle soit appréciée par les autres. Je l’ai vraiment fait pour moi. A chaque fois que j’écris, j’ai vraiment l’impression de me sentir dans un meilleur endroit. Quand je me sentais déprimé, cela me permettait de me sentir mieux, d’être un peu plus heureux.
Donc j’espère que cet album fait ressortir quelqu’un d’honnête, de vulnérable et si les gens le ressentent de cette manière, alors je suis ravi d’avoir pu faire passer ces émotions.
Ta voix, ta musique et surtout tes paroles, dévoilent effectivement un jeune homme sensible, fragile et vulnérable. Est-ce qu’Ology est un album autobiographique ?
Oui je pense que ça l’est d’une certaine manière. Il ne raconte pas forcément des histoires. C’est comme une dissection de moi-même. Je pense qu’il révèle qui je suis et qu’il montre les progrès que j’ai pu faire. Donc oui, dans ce sens c’est comme un album autobiographique.
Tu as d’abord créé la pochette de ton album et tu as ensuite composé l’album. Peux-tu nous dire comment tu écris ?
J’aime travailler seul, durant la journée. Je peux écrire à n’importe quel moment quand je suis seul en fait. Je peux écrire dans les toilettes (rires), sous la douche… Je peux travailler 5 minutes puis je m’arrête. Je ne suis pas un garçon très studieux, je n’aime pas qu’on me force à écrire, j’aime le faire pour moi.
Quelle est la chanson la plus introspective que tu aies écrite ?
(Hésitant) Je dirais Bone + Tissue, ou Bourbon. Je ne peux pas vraiment dire pourquoi, ce serait vraiment très embarrassant et c’est très privé, mais oui ce sont ces deux chansons en particulier.
Et celle que tu préfères ?
Je crois que celle que je préfère est Miyazaki.
D’ailleurs il s’agit de ton dernier single.
Oui en effet, j’ai tourné une vidéo pour ce titre.
J’aime beaucoup Chandra aussi, la dernière chanson sur l’album. Je pense qu’il s’agit d’une chanson intéressante.
Dans Bourbon, tu chantes “Since I’ve been found, I’ve been living life in cages”. Que veux-tu dire par là ? Parce qu’on ne comprend pas vraiment…
(Rires) Je pense que le sens de cette phrase pour moi va être complètement différent pour d’autres personnes. Je pense que si j’étais quelqu’un d’autre et que j’écoutais ces paroles, je me dirais que cela a un rapport avec la manière dont les autres te perçoivent et comment toi tu te perçois.
Avant Ology, tu as sorti l’EP Zebra. Quelles sont, pour toi, les différences entre les deux albums?
Zebra est mon tout premier projet. J’ai voulu décrire les émotions que j’ai ressenties lorsque j’ai commencé à être artiste. J’étais vraiment déprimé après avoir déménagé de New York à Los Angeles. C’est un peu comme si je régurgitais tout ça dans une assiette et je disais : voilà l’assiette.
Quant à Ology, c’est un peu comme si je regardais ce que j’avais vomi et que je me demandais ce que j’avais mangé pour pouvoir obtenir cette couleur ou cette composition… comme si je disséquais ça. Ology analyse un peu plus mes émotions, en creusant un peu plus en moi, en faisant me poser plus de questions.
Peut-on s’attendre à une sortie physique de Ology ?
Oui j’espère qu’on pourra le sortir en CD physique très bientôt.
On sait justement que tu aimes mettre tes chansons sur Soundcloud, sur YouTube, que tu aimes proposer tes titres gratuitement. Tu continueras à le faire ?
Oui carrément ! Aussi longtemps que je peux le faire, je privilégierai les auditeurs plutôt que les consommateurs. Je pense que c’est un honneur pour moi que les gens écoutent mes chansons.
Donc écrire des chansons et faire des disques, c’est davantage un hobby qu’un boulot pour toi ?
Je dirais que c’est plus ma thérapie. C’est quelque chose que je fais à plein temps. Ça m’aide à grandir et à mieux me comprendre moi-même.
Tu as remixé Weight In Gold avec Seal. Comment l’as-tu rencontré ?
Je l’ai rencontré à Los Angeles, un peu par hasard en fait. Il avait entendu Weight In Gold que j’avais sorti l’année d’avant, et il voulait collaborer avec moi sur un remix. J’étais plus qu’honoré. J’ai eu l’occasion de le chanter en live avec lui à plusieurs reprises. Je ne pouvais pas rêver mieux. Il a toujours été une inspiration pour moi. C’est un artiste dont on ne peut pas vraiment classer le style.
Toi aussi d’ailleurs, il est difficile de te mettre dans une case. On ne sait pas si tu fais du R&B, du neo-R&B…
Oh merci beaucoup ! (rires)
Tu as donc fait les sessions In The Room avec Seal, avec Sufjan Stevens… Peut-on s’attendre à d’autres collaborations ?
Oui ! Je viens d’ailleurs finir ma 5e collaboration. Elles devraient être dévoilées courant août ou septembre. Toutes les personnes avec qui j’ai travaillées sont des personnes qui m’inspirent. C’est vraiment très appréciable de collaborer avec d’autres artistes qu’on admire.
Tu peux nous donner quelques noms ?
(Hésitant, il regarde son staff) Je ne suis pas certain d’être autorisé à donner des noms (rires).
Ce sont tes chansons ou des reprises ?
Un peu de tout en fait. Il s’agira de reprises, de mes chansons ou même les leurs.
Quels sont les artistes qui t’ont influencé et qui continuent de t’influencer aujourd’hui ?
C’est assez difficile de répondre à cette question. Il y en a tellement. Je suis né en 1992, donc oui forcément j’étais inspiré par les artistes R&B des années 90, par la musique qu’écoutaient mes amis à l’école… C’est vraiment difficile de répondre à ça, mais je nommerais peut-être Seal, ou plus généralement tous les artistes qui restent eux-mêmes et qui créent des choses qui leur plaisent.
Tu as aussi un duo avec Jhené Aiko sur “Skipping Stones”, c’était ton choix de travailler avec elle ?
Non c’était vraiment par accident. Je l’ai rencontrée lorsque je n’avais pas encore terminé la chanson. On discutait, je lui ai fait écouter le titre et c’est juste arrivé comme ça. Elle a ajouté une nouvelle perspective à la chanson à laquelle je n’avais pas pensé. Et au final je pense que c’est une bonne chose.
On sait que c’est dur d’avoir des featuring sur un album quand on débute… Il y a-t-il d’autres artistes que tu aurais aimé avoir sur l’album ?
Je ne sais pas… j’ai déjà collaboré avec les gens que j’admire. Mais oui j’ai évidemment rêvé de travailler avec d’autres artistes. Par exemple j’ai toujours été un grand fan de Brandy, de Babyface, de Toni Braxton… Mais je pense qu’on peut créer à la fois de très bonnes choses avec des gens que personne ne connaît. Il faut que la collaboration soit davantage spirituelle plutôt qu’un simple travail entre les deux artistes.
Tu participes à plusieurs festivals cet été en Europe.
Oui j’ai été en Belgique… J’ai fait le North Sea Jazz Festival aux Pays Bas, le BBK à Bilbao en Espagne… J’ai vraiment reçu un superbe accueil.
As-tu prévu de revenir à Paris pour ton propre concert ?
Oui j’adorerais. Ma première véritable tournée débute en août aux Etats-Unis et j’espère vraiment revenir ici en fin d’année ou début d’année prochaine. Ce sera un show plus intime et je pense que c’est une bonne manière de me présenter au public européen.
Qu’est-ce qu’on peut trouver dans ton iPod ?
J’utilise Spotify surtout.
Tu télécharges plutôt ou tu achètes les albums ?
Je n’achète jamais d’albums (rires). J’ai peut-être acheté un ou deux CD dans toute ma vie. Je pense que la musique devrait être gratuite (rires).
Donc tu penses quoi de l’industrie musicale d’aujourd’hui ?
Je pense que les personnes dans l’industrie musicale font attention aux artistes et à la musique qu’ils représentent. Mais la musique n’est plus du tout ce qu’elle était, il faut vivre avec. Je crois que le streaming est une bonne chose. Les gens devraient avoir accès à tout, contre un petit dollar par mois… ou un dollar par an (rires).
Je préfère acheter des albums physiques moi (rires)…
Oui certains personnes tiennent à avoir l’album dans leurs mains. Mais à mon sens, tu peux tout autant acheter un t-shirt. Et si tu achètes un billet de concert par exemple, tout le monde gagne. L’artiste peut faire vivre sa musique sur scène et le public lui il peut avoir une nouvelle interprétation des chansons.
Si tu sors ton CD physiquement, je l’achèterai.
Oh merci… Mais bon si tu télécharges illégalement, ça m’est aussi égal (rires). (Et en montrant son manager) : Lui ne serait pas si ravi (rires).
Même moi, je télécharge mes propres chansons illégalement (rires).
Dans le premier titre de l’album, “Talking To Myself”, tu dis que tu te parles à toi-même et que tu attends qu’on te donne des conseils. Peux-tu nous dire quel était le meilleur conseil qu’on t’ait donné dans l’industrie musicale ou dans la vie de tous les jours ?
(Hésitant) Je pense que c’est lorsqu’on m’a conseillé de me connaître moi-même avant tout, de savoir qui je suis. Qu’on me dise que je n’ai pas besoin d’essayer d’être ce que je ne suis pas.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour le futur ?
Je vais faire pas mal de concerts. J’aimerais continuer à chanter dans différents lieux, rencontrer de nouvelles personnes. Plus généralement, j’aimerais continuer à faire des choses pour mieux me connaître, qui pourraient me faire évoluer, et j’aimerais me retourner en arrière et voir une énorme discographie…
Merci Gallant pour cette interview. Peux-tu dire quelques mots aux lecteurs de SoulRnB.com ?
Interview réalisée le 17 juillet à Paris par Olivier et Pashtrik de la #TeamSoulRnB.
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3 Comments
Très intéressant. Un artiste à surveiller !
Merci 🙂
Ça a pris du temps, mais j’en suis plutôt fier 🙂
Super interview 😀