Je ne saurais vous dire si c’est par effet d’opportunisme ou un simple concours de circonstances, mais le fait est qu’en ce moment, le créneau guitare folk a le vent en poupe. Nombreux sont les newcomers sur ce créneau, qui reste, pour l’instant encore, immaculé de déchets.
Parmi tous ces nouveaux artistes figure un brin de fille à l’allure fluette et au talent surclassant ses rivales. Elle, c’est Irma. Repérée sur Youtube il y a trois ans grâce à ses reprises, elle n’a cessé, depuis, de faire monter le buzz autour d’elle avant de sortir il y a quelques mois son excellent premier opus Letter to the Lord. Mais qu’a-t-elle de plus, me demanderez-vous ? Pour avoir la réponse, rien de plus simple, il suffit juste de lire notre interview.
Que de chemin parcouru depuis tes vidéos cover sur Youtube ! Des premières parties d’artistes tels que M ou Diam’s, la sortie de ton premier album sur My Major Company et enfin ta tournée à travers la France… Quel est ton ressenti par rapport à tout cela ?Je suis déjà reconnaissante par rapport à tout ce qui a pu se passer. Reconnaissante envers les personnes que tu as citées tels que M ou Diam’s, mais aussi My Major Company et mes producteurs. Je suis hyper contente de présenter l’album au public, c’est un rêve pour moi !
Ta biographie évoque un premier album enregistré avec Henry Hirsch aux Etats-Unis, mais qui ne t’a pas convenu, peux-tu nous en dire plus ? C’était fin 2008, après avoir été produit par My Major Company, on est allé à New York enregistrer avec Henry Hirsh qui avait aussi vu mes vidéos sur Youtube. C’était ma première expérience studio, c’était même la première fois que j’allais aux Etats-Unis (rires). Je débarquais avec plein de professionnels qui ont bossé sur l’album mais dans l’euphorie, je ne me rendais pas compte que je ne m’impliquais pas dans mes morceaux. Et même si j’ai beaucoup appris, en rentrant à Paris je n’avais plus l’impression d’écouter mes chansons mais plus d’avoir juste posé ma voix sur une instru qui n’était plus la mienne. D’ailleurs, même ma voix a été modifiée… C’est un album que je n’aurais pas pu défendre, c’est pour cela que j’ai tout refait.
Mais les textes étaient les tiens ? Oui. En fait, c’étaient exactement les mêmes morceaux que sur cet album mais la manière dont ils ont été enregistrés ne collait pas avec ce que j’étais.
Tu as dû avoir beaucoup de courage pour repartir de zéro, surtout que tu n’étais pas connue à l’époque ! Qu’est ce qui t’a poussée à trouver la force de dire “Non” ? Je me suis demandée comment je pouvais indiquer “composé et écrit par Irma” alors que cela ne me correspondait plus, je n’avais pas le choix. Je ne savais pas si My Major Company accepterait mais si je ne l’avais pas fait, je me serais sentie vraiment mal.
Tu as réussi à réunir la somme nécessaire pour faire ton album en un week-end au lieu des cinq mois attendus, t’attendais-tu à une telle ferveur de la part de tes fans ? Cela c’est passé très très rapidement ! Personne n’a compris ce qu’il se passait ! Tu sais, sur Youtube, étant donné que mes morceaux sont en anglais, ils sont plus suivis par des américains que par des français. Du coup, je suis incapable d’expliquer cet engouement… Je me rappelle de ce fameux week-end où ils sont tous revenus au bureau car ils croyaient qu’il y avait un problème technique ! C’était l’euphorie ! En un week-end, ma musique est devenue plus qu’une passion.
Ton album se nomme Letter to the Lord, pourquoi avoir choisi ce titre ? C’est une chanson de l’album, et je trouve qu’elle représente bien l’esprit de l’album.
Que demandes-tu dans ta lettre ?Justement, j’ai écrit ce morceau quand je n’avais plus d’inspiration et que ça me bloquait vraiment. Du coup, je voulais que quelqu’un là-haut m’envoie cette inspiration, tout part de là.
Est-ce que tu fais aussi référence à cette spiritualité dans d’autres morceaux ? Oui, dans trois autres morceaux car c’est important pour moi. J’ai appris la musique au Cameroun dans un cadre spirituel, c’est donc vraiment important de retrouver cette part de spiritualité dans mes morceaux. D’ailleurs, lors de mon apprentissage au Cameroun, quand je voyais des groupes jouer, il n’y avait pas un seul instrument accordé ! Pour les occidentaux ça peut paraitre aberrant (rires) mais quand t’écoutes le tout, il y a un truc qui se passe. Et c’est vraiment dans cette optique là que j’ai fait mes morceaux.
Un morceau qui a tout particulièrement retenu mon attention sur ton album est “In Love With The Devil”, je te le trouve fort et ce, rien que dans le titre qui comporte deux termes antinomiques : Love et Devil…C’est exactement ce que tu dis, ce coté antinomique de l’amour qui peut être “maléfique” quand celui-ci n’est pas forcément passionnel. Tu vois, quand on aime quelqu’un mais qu’on sait que cette personne n’est pas la bonne, et qu’on n’arrive pas à se détacher de ses griffes…
Sur tes morceaux tu as joué toi-même la majeure partie des guitares acoustiques mais sur deux morceaux tu as fait appel à Franck Authié, qu’est ce qu’il t’a apporté ? C’est une personne avec qui j’avais déjà bossé. Or, je pense que dans la musique on doit aussi apprendre aussi à se nourrir des autres. C’est dans cette optique que je l’ai invité dans mon album, car même s’il joue du même instrument que moi, il peut apporter un son différent du mien.
En parlant d’instruments, tu joues un peu de tout sur ton album : guitares, piano, ukulélé, claviers, tambourins, shakers… Sur scène, je t’ai vu à la batterie, sais-tu faire de la basse et du violon ? Car en fin de compte tu peux faire un album complètement crédité par toi-même (rires) ? (rires) Non je ne fais pas de violon même si j’ai toujours voulu en faire, mais je vais m’y mettre (rires) ! J’ai appris la batterie en regardant les autres jouer car au Cameroun tout le monde connaît au moins un rythme de djembé ou de percu…
Je trouve ça fort de manier tant d’instruments, il y a surement une grosse dose de travail mais d’un autre côté, penses-tu aussi avoir un certain don ?Je pense que j’ai une grande sensibilité musicale et quand j’écoute des choses qui me plaisent, comme la guitare, j’essaie toujours de reproduire les morceaux.
Tu finis l’album par un morceau caché, “Somehow”, un piano voix. Cela marque-t-il une ouverture vers d’autres horizons ou était-ce simplement un bonus de l’album ?Cela peut être une ouverture… Mais j’ai surtout tenu à ajouter ce morceau car c’est une de mes vidéos les plus vues sur Youtube. Elle a été mise en première page du site dans plusieurs pays. Et même si elle ne devait pas être sur l’album au départ, je me suis dit que ce n’était pas possible qu’elle n’y soit pas (rires). Les gens ont aimé la vidéo, c’est donc aussi une manière de faire un petit clin d’œil à Youtube.
Pour finir, quels sont tes derniers coups de cœurs musicaux ?Cold War Kids, Selah Sue… Mais j’écoute aussi beaucoup les classiques : Eric Clapton, Lauryn Hill ou encore Queen. Il y a aussi le premier album de KT Tunsall que j’ai écouté en boucle pendant un an. Je me suis pris une grosse claque quand je l’ai vue interpréter “I Want You Back” des Jackson 5, dans Taratata !
Merci Irma de nous avoir accordé ce moment, et bon courage pour la suite !
Crédits photos : My Major Company
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J’ai eu la chance de la voir 3 fois en concert…Je me rappel encore du premier…Une salle minuscule, aucune lumière, pas plus de 35 personnes, toutes sa famille présente pour l’acclamer et l’encourager…Un concert incroyable…Elle fait partie de ces artistes qui prennent une toute autre dimension en live !!!
Tu fais partie de ceux qui la suivent depuis le debut, que de chemin parcouru hein ! Ca fait plaisir pour elle !
Moi aussi je l’ai vu trois fois en concert ! (une fois à la première partie de M), une autre à un concert privée… Et l’autre prêts de chez moi ! Un mélange de Ayo et de Tracy Chapman ! Vraiment sublime !;D