Cela faisait un petit moment qu’on en parlait. Evoqué dans notre entretien avec G-No (interview, Cheers 2 G.No), le tant attendu livre sur l’histoire du RnB a enfin vu le jour.
Intitulé R&B entre Pop et Black music, G-No, de son vrai nom Marc FANELLI-ISLA nous propose de nous (re)plonger dans l’univers R&B, du commencement à nos jours, à travers cet ouvrage de 126 pages, disponible au format 26cmx26cm, et contenant plus de 150 photos originales, et plus de 50 témoignages d’artistes et producteurs.
Marc FANELLI-ISLA n’a pas fait les choses à moitié, à cette occasion nous sommes allés recueillir quelques informations…
Première question, pourquoi avoir choisi d’écrire ce livre ? Tout d’abord parce que ce genre est méconnu, utilisé à tort et trop souvent dénigré dans les médias. On l’assimile à une musique d’ados et à du rap, alors que c’est le style musical où les voix sont les plus techniques… Tous les livres sur la Black Music encensent James Brown, la Soul et s’arrêtent au Rap des années 90, comme si le Hip-Hop/Soul n’était qu’un genre mineur. J’ai donc pris la plume pour donner ma vision des choses. N’a-t-on pas compris que Teddy Riley, Babyface et Timbaland ont changé la face de la pop ? Aujourd’hui, dans les charts du monde entier, il y a une majorité de titres R&B. Et même si la tendance clubbing actuelle me touche beaucoup moins que le R&B des 90’s, j’ai eu envie d’expliquer ce mouvement et de parler des véritables activistes de ce genre. En second lieu, en tant que chanteur de R&B, j’ai toujours écouté ce genre avec passion et questionnement, et j’ai longuement étudié ses origines et son évolution. Je suis devenu journaliste (1) en voulant maîtriser la création musicale et l’idée de ce livre m’est venue au fil de mes rencontres et connaissances. J’avais réalisé en 2004 un documentaire vidéo sur le R&B en France, R&B Invasion (2), mais je voulais aller plus loin et contrôler un projet de A à Z. Avec l’avènement des réseaux sociaux, j’ai pu voyager aux USA, et discuter avec mes idoles, qui sont à l’origine du R&B contemporain.
Qui as-tu pu rencontrer lors de ces voyages ? Mr Dalvin de Jodeci, Montell Jordan, TQ, Jon B, Static Major (Playa), Barry Michael Cooper (le premier à avoir parlé de “New Jack Swing”), Damion Hall de Guy, Lingerie (Pretty Ricky), G.I (H-Town), Ricky Fanté, Gary Harris (le producteur qui a découvert D’Angelo), Michael Angelo Saulsberry (Portrait), Anthony David, Raul Midon, Brian Alexander Morgan (producteur de SWV, Mariah Carey, etc), Troy Taylor (producteur de Whitney Houston, Trey Songz et Boyz II Men), etc…
Impressionnant ! Quelle période musicale couvres-tu avec ce livre ?J’aurais pu me focaliser sur la période que j’ai vécue et qui m’a donné envie de chanter et d’écrire ce livre, c’est à dire du New Jack Swing à nos jours (qui prend tout de même une place majeure dans le livre), mais j’ai jugé indispensable de revenir aux origines, c’est-à-dire la naissance du peuple afro-américain, et de retracer l’histoire de la Black Music, à travers des portraits et anecdotes pour mieux la comprendre. Chaque genre de la Black Music correspond en réalité à une époque, un style de vie. J’évoque donc les musiques qui ont contribué à la naissance du dernier R&B en date, celui que nous vivons depuis plus de vingt ans. Mon regard est celui d’un homme du 21ème siècle, mes références sont donc contemporaines même quand je parle du passé, ce qui change, je pense, des autres livres qui traitent de ce même sujet.
Sur la couverture on découvre bon nombre des références habituelles du genre : Prince, D’Angelo, Timbaland, Babyface… mais aussi, et plus surprenant, George Michael ! Le titre du livre est R&B : entre Pop et Black Music. J’explique que la Black Music a réussi à s’imposer comme musique populaire, et parfois via des chanteurs blancs. Pourquoi George Michael ? Parce que sa voix est R&B dans un univers Pop. Je vous recommande par exemple le MTV Unplugged de 1996, dans lequel il est entouré de chanteurs Gospel. Son batteur était celui de Craig David et Amy Whinenouse. Il représente à mes yeux l’Elvis des années 80/90, un chanteur blanc de Rhythm & Blues qui va devenir numéro 1 en reprenant les codes de ce genre musical noir. Ce fût le premier chanteur blanc à devenir numéro 1 du top R&B en 1988 avec son album Faith (le second, pour info, est Robin Thicke en 2007 avec son single “Lost Without You”), devant Bobby Brown et Michael Jackson. Aretha Franklin, Whitney Houston, Mary J. Blige, Stevie Wonder, tous les plus grands ont chanté avec lui. Avec Wham!, il reprenait des tubes de la Motown et Jay-Z disait l’année dernière qu’il était le chanteur le plus populaire du ghetto quand il était ado. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à la couleur de peau. Tony Sunshine, Jon B, Bryan Abrams (Color Me Badd), Mariah Carey sont tous des chanteurs R&B au même titre que Tank ou Donell Jones. Leur formation Gospel ou plutôt leur façon de chanter (harmonies Gospel et melisma) est ce qui les réunit tous dans ce genre. Le Jazz, la Soul et le Rhythm N Blues ont tellement popularisé le chant Gospel que depuis les années 50, le R&B est cosmopolite. Elvis et Teena Marie en sont la preuve à d’autres âges du R&B.
Sur la quatrième de couverture, on peut lire “Le R&B semble annoncer la fin d’une épopée”, peux-tu nous en dire plus ? Le R&B a gagné son trône depuis le 21eme siècle. Beyoncé, Usher, Chris Brown sont des superstars et le top Pop ressemble au top R&B. C’est pourquoi un français comme moi connait aujourd’hui aussi bien ce genre qu’un afro-américain d’ailleurs. Le R&B est devenu la bande-son d’une jeunesse urbaine internationale depuis les années 90. Cette jeunesse s’est uniformisée, mélangée et regarde les artistes afro-américains avec admiration. J’ai fini d’écrire ce livre entre 2010 et 2011, et au niveau du R&B populaire, j’étais très déçu. Nous sommes dans une période clubbing, les bpm sont à 120 et pour vivre de leur art, les chanteurs R&B s’essaient à l’Electro. J’étais donc parti du constat général d’une musique qui tourne en rond, avec une image bling-bling devenue ridicule mais je nuance ce propos, car, après réflexion, les bons artistes existeront toujours. Drake, Atozzio, Trey Songz et Luke James sont des exemples réussis d’un R&B novateur. Je regrette simplement que rares soient ceux qui chantent vraiment pour le peuple comme Aloe Blacc et son “I Need A Dollar”, car au fond, les Diddy and co, artistes de la rue devenus stars, oublient le côté Blues du R&B dans une époque de grande crise économique et sociale… J’aimerais voir Jaheim, TQ chanter des titres engagés comme l’ont fait Stevie Wonder et Marvin Gaye dans les années 70. La musique est toujours sociale et cyclique, il faut donc rester confiant mais il serait dommage de ne pas profiter d’un nouveau statut inespéré à l’époque du Blues et de la ségrégation.
Au final, combien de temps auras-tu mis pour écrire ce livre ? C’est le travail d’une vie dans le sens où il résume ce que j’écoute depuis mon enfance. Les chansons mondialement connues de Stevie Wonder et Lionel Richie, puis l’album Bobby de Bobby Brown m’ont poussé à m’intéresser de plus près au R&B. J’ai commencé l’écriture en 2005, pour reprendre en 2010 quand j’ai signé ce projet avec la maison d’édition Didier Carpentier.
Quelle est la suite pour toi ? Ce livre à donné naissance à un autre projet, mon nouvel album, Latin R&B Music, qui inclut des duos avec Rell, TQ, Bizzy Bone, Patrick Hayes (producteur de Trey Songz) et Smoke E. Digglera (Playa). Cet album sortira en février, d’ailleurs vous pouvez écouter le son avec Rell “Fallen Soldiers” écrit en hommage aux artistes de ce livre…
Merci G.No.
R&B : entre Pop et Black Music disponible chez Fnac, Virgin, Amazon le 26 janvier (ou en pré-commande sur le site de la Fnac)
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(1) Rédacteur en Chef des magazines Loopz sur la création musicale et iLive sur la création et l’univers Apple (2) R&B Invasion (2004), Warner Vision France
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