Aloe Blacc sort son second album en solo, intitulé “Good Things”. Dans cet opus, il opère un changement de style depuis son dernier et déroutant “Shine Through”, ou même pour celles et ceux qui le connaissaient en tant que rappeur au sein du groupe Emanon. Ce fils d’immigré panaméen a des messages à délivrer et choisit ici, comme ses aïeux, le chant et la soul pour les exprimer. Place à l’artiste…
Ton nouvel album “Good Things” vient de sortir, beaucoup te découvrent à travers le single “I Need A Dollar”, générique de la série “How to make it in America” diffusée sur HBO. Comment s’est faite la rencontre et comment la chanson en est devenue le thème ? HBO recherchait des chansons pour sa série. Ils avaient contacté de nombreuses maisons de disques, dont la mienne, qui lui a renvoyé plusieurs morceaux. Et ils ont choisi “I need a dollar”.
L’album aborde des sujets très sociaux : le chômage, la précarité, les sans-abris, les détournements de richesses, le pillage des ressources et le manque de compassion créé par le capitalisme… Te sens-tu une âme de politicien à travers ta musique ? Hum… Tu me demandes si ma musique est plus politique qu’avant ? Nope… Je pense qu’en tant qu’emcee, je faisais déjà du Hip Hop très engagé, politique et social. Aujourd’hui, c’est juste dans un style musical différent. J’ai toujours fait de la musique qui parlait de la société et de la politique. Mon prochain album sera Hip Hop. Il sort l’année prochaine, et sera tout aussi politique.
En parlant de tes futurs projets, tu projettes aussi un nouvel album soul, mais aussi un autre bossa nova, ainsi qu’une série instrumentaliste… L’éclectisme est une bonne chose, mais n’as-tu pas peur de diviser ton public ? Oui, j’aborde des styles divers, c’est vrai. Et j’ai effectivement peur de diviser mes fans, mais je suis un artiste… et en tant que tel, je n’écoute que mon cœur.
Comment est venue l’idée de reprendre “Femme Fatale” de Velvet Underground ? Cette chanson a-t-elle une signification particulière pour toi ? Je travaille avec des producteurs avec lesquels nous voulions faire des reprises, nous avons donc fait une très large sélection de différentes chansons, et j’ai choisi “Femme Fatale” pour plusieurs raisons. L’une d’elle, le Rock’n’Roll. Velvet Underground est un groupe de rock, et le rock provient du Rythm and Blues, je voulais donc réapproprier cette chanson rock dans son univers originel. L’autre idée était d’imager les Etats-Unis comme une “Femme Fatale”. Nombreux sont les gens souhaitant vivre le rêve américain, ils arrivent dans notre beau pays sans se douter des souffrances. Et cela arrive actuellement à de nombreux immigrés que l’on renvoie dans leur pays où peu de choses les attendent… L’Amérique, sans sa liberté, devient la “Femme Fatale”.
Le clip est tourné en noir et blanc, avec le réalisateur, avez-vous voulu transmettre un message particulier ? Mon message est dans la musique, et pour ce qui est du rendu visuel, c’est avant tout le message du réalisateur que je valide, bien entendu. Ce dernier est d’ailleurs très cultivé, Miikka Lommi aime vraiment les films noirs et a regardé beaucoup de films français des années 50 et 60. Il a voulu rendre hommage à ces différents univers. Et je trouve qu’il a vraiment fait un très bon travail !
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Malgré un premier album, “Shine Through”, sorti en 2006, tu n’exploses qu’aujourd’hui… Nope, on ne peut pas dire ça… Le succès est une question d’interprétation des choses et je crois vraiment que “Shine Through” a été un succès multi-genres. Le fait de m’éloigner du Hip Hop, musique où mes fans m’attendent, et de partir m’aventurer vers d’autres territoires sont des raisons qui me font penser que “Shine Through” a été un succès. J’avais de quoi manger, et tant que j’ai de quoi remplir mon frigo, c’est un succès ! (Rires) Avec “I need a dollar”, c’est bien aussi, parce que non seulement j’arrive à me rassasier, mais je le permets aussi à mon groupe. Et si je pouvais gagner encore plus d’argent, j’aimerais nourrir plus de monde.
Je te le souhaite, en tout cas ! J’espère aussi !
Que s’est-il passé durant les 4 ans qui séparent tes 2 albums et comment as-tu enclenché ce changement, davantage orienté vers le chant ? Je ne parlerais pas de changement, j’ai toujours été un chanteur. Pendant 2 ans, j’ai beaucoup voyagé et fait de nombreuses tournées pour la promotion de “Shine Through” : Japon, Australie, Etats-Unis, etc. Les 2 années suivantes furent beaucoup plus axées sur l’écriture et l’enregistrement. Et puis, je suis aussi tombé amoureux, et c’est également ce qui m’a le plus occupé !
Oh ! Félicitations ! Merci !
Tu écris et produit pour d’autres. Tu travailles actuellement avec ton groupe Emanon ainsi qu’avec Maya Jupiter. Comment choisis-tu tes collaborations ? Principalement par le biais de mes amis. Mon deejay, Exile découvre toujours plein de jeunes et talentueux emcees, et je travaille avec toutes les personnes qu’il me conseille, je lui fais totalement confiance. Mes musiciens sont très talentueux également, et je travaille avec eux ou leurs amis sans soucis. Tu sais, ça dépend juste de ce que je considère comme de la bonne musique ou non.
Et ta rencontre avec Maya Jupiter ? Maya est mon amie ! C’est une personne avec laquelle j’ai réellement envie de travailler et de créer quelque chose de vraiment nouveau dans le style, quelque chose d’unique qu’on n’aura jamais entendu auparavant ! Tu connais “La Bamba” ? La version originale de la chanson est issue des musiques traditionnelles mexicaines, appellées Son Jarocho. Ce n’est pas très connu, mais cela reste un genre populaire, une musique du peuple. Nous y avons ajouté du Hip Hop, de la Samba, de la Danse et plusieurs autres genres qui donneront un mélange exceptionnel. A écouter dès l’année prochaine !
Et toi qu’écoutes-tu actuellement ? J’écoute de la vieille musique, celle des années 60, 70 : Eugene McDaniels, Gary Bartz, Sly Stone…
Est-ce la première fois que tu viens en France ? Et qu’aimes-tu le plus ici ? Non, je suis déjà venu plusieurs fois. Ce que j’aime ici, c’est la façon dont les villes se développent, j’aime l’équilibre entre la nature et l’urbanisme.
Connais-tu des mots en français ? Quelques uns… Mais j’aimerais vraiment apprendre la langue.
Tu entâmes 5 dates en France, souhaites-tu apprendre des phrases en particulier pour ton public ? Oui ! J’aimerais dire “Welcome to the Church of Love and Happiness” ! (ndlr : une fois la traduction prononcée, Aloe Blacc tâtonne et répète mot après mot) Bienvenue… dans l’Eglise… de l’Amour… et de la joie… OK ! (Rires)
Et bien merci pour cette interview Aloe et bon concert ce soir ! Merci, à très vite Soulrnb !
0 Comments
Le concert devait etre détonnant vu les petits pas de danse qu’il nous fait ;D
En tout cas j’attends ces prochains projets qui m’ont l’air tres éclectique ! (d’ailleurs je ne savais pas qu’il avait déjà sorti un album :/)
J’ai eu la chance d’assister au concert…c’était tout simplement magnifique ! J’aurais pu rester l’écouter toute la nuit, il est fabuleux sur scène ! C’est intéressant de le découvrir un peu plus à travers cette interview, d’ailleurs, Dizzle, tes questions sont très pertinentes comme toujours ! 😛
Il a mis le feu sur “I need a dollard” dès
les premières notes de musiques tout le monde a reconnu et a commencé à crier ! c’était génial !
J’ai bien aimé sa reprise très soul de “billy jean”.
J’attends vraiment de le découvrir davantage sur son prochain album et surtout sa prochaine venue en France !
Ecoutez son premier disque, je l’avais acheté et il est vraiment bon ! :-*
perso, c’est peut-être subjectif quand je dis que “Shine Trough” est déroutant… divisé en 3 parties : Hip Hop, Bossa Nova, et Soul, il n’y a que cette dernière partie que j’ai vraiment apprécier… mais bon, faudrait que je réécoute.
Je connaissais pas Aloe Blacc … :S Mais j’aime bcp “I need a dollar”, une très belle découverte! 😉