La Soul-Fiction de Space Invadas

Space Invadas, c’est l’union de deux artistes, de deux cultures et de deux univers musicaux. D’un côté la voix et le groove de Steve Spacek, aussi connu sous le simple nom de Spacek, qui prennent source aux Etats Unis, de l’autre, le hip-hop cosmique du producteur et DJ australien Katalyst.

Auteurs d’un premier album en commun, Soul:Fi, sorti en Février dernier en France, les deux membres de Space Invadas vous invitent pour un voyage tour à tour soulful et futuriste, à base d’influences riches et métissées, des beats électroniques à la soul originelle, en passant par le hip-hop.

Connexion avec Space Invadas…

Hey guys ! Avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvez-vous présenter le groupe ? Ladies & Gentlemen… Veuillez accueillir Space Invadas (rires), l’union de Steve Spacek (US) et Katalyst (Australie) !

Comment est née la collaboration ? Steve Spacek : Katalyst m’avait déjà invité à poser sur son précédent projet, “What’s Happening”. La collaboration a tellement bien fonctionné que nous avons décidé de la pousser plus loin et de travailler sur d’autres chansons ensemble. Quelques dix-huit mois plus tard, l’album de Space Invadas était prêt.

Comment décririez-vous votre musique ? S : En deux mots : Soulful et “High-tech”.

Selon, toi Steve, qu’apporte Katalyst au duo ? Même question pour toi Katalyst, à propos de ton accolyte…Steve : Pour ceux qui ne connaîtraient pas Kat, il faut savoir qu’il a une oreille incroyable, il a un don pour déceler ce qui fonctionne et ne fonctionne pas chez un chanteur, un rappeur ou sur un simple instrumental. C’est également un vrai passionné et, surtout… Il est très organisé, pour tout ce qui touche à l’aspect business notamment… Ce que je ne suis définitivement pas (rires) ! Katalyst : Steve apporte beaucoup à la collaboration. Pour commencer, sa vibe est géniale, quand tu l’écoutes harmoniser, tu as naturellement l’envie de composer, tout te vient. Il a quelque chose de serein, qui détend beaucoup l’atmosphère, ce qui est très motivant pour écrire. Steve a beaucoup de musicalité et bien sur, une voix incroyable. La musique qu’on fait tous les deux est vraiment authentique, elle reflète parfaitement nos univers respectifs.

Votre premier projet en commun, Soul :Fi est disponible depuis quelques mois, comment l’avez-vous conçu ? S : Une à deux fois par semaine, pendant environ un an, Kat et moi nous retrouvions au studio ou dans son appartement. Il me faisait alors écouter ses nouveaux beats. Je piochais dans ce qui me plaisait le plus et commençais à écrire des paroles, puis j’enchaînais en chantant les lyrics quand tout était bien frais dans mon esprit. Et ainsi de suite, pendant un an, à chaque session, on réussissait à pondre quelque chose.

Quel est le concept de l’album et de quoi parle-t-il ? S : Comme dans tous nos projets, je suppose, le point de départ est la musique Soul. Notre musique doit sonner soulful au premier abord. Mais ensuite, au fur et à mesure des prises et des sessions, on laisse la musique parler d’elle même et prendre forme naturellement. Tout comme le concept de l’album. On l’a créé dans un esprit Motown classique, mais avec de subtils zigzags dérivant vers la science-fiction.

Une approche intéressante qui conduit donc au titre j’imagine… Soul:Fi pour Soul-fiction ? S : Oui ! Soul:Fi, c’est justement ça, une musique soul avec un bon pied dans l’univers futuriste de la science-fiction. L’album est vraiment dans cet esprit.

Si vous deviez recommander un morceau aux gens qui ne connaissent pas encore votre musique, quel serait ce morceau ? S : Je recommanderais probablement “So Strong”, qui est l’un des titres que je préfère sur l’album. J’adore tout simplement comme la ligne de basse entre en relation avec les autres éléments groovy de l’instru. J’aime aussi l’aspect cyclique du morceau, au bout d’un moment, tu perds presque pied (rires) ! Puis tout redescend, mais toi, tu es déjà ailleurs… K : Et moi, je suggérerais “Imaginist”. Mon morceau favori sur Soul:Fi, un titre avec beaucoup de simplicité et une superbe vibe que Steve apporte avec sa voix. Le titre est aussi une sorte de clin d’œil à mes productions de base, plus hip-hop. Ce morceau est parfait pour ceux qui ne nous connaissent pas.

Quelles sont vos influences musicales ? S : J’ai envie de te dire, la “Bonne” musique Dance, pas cette espèce de merde qu’on te sert dans les clubs le samedi soir. Non, moi je veux parler de la House de Détroit et de Chicago, des 20-30 années passées de musique électronique originaire d’Angeleterre, qui résonnent comme une romance moderne, du Boogie et du Funk/Jazz des années 80, de la Drum N Bass, de la musique Garage UK et US, de la Grime Music et du Dubstep. Je suis aussi inspiré par la musique africaine, l’afro-funk, notamment et bien sur le hip-hop, ce hip-hop/soul progressiste dont J Dilla fût définitivement le pionnier, paix à son âme…K : De mon côté, ça va du rock au jazz en passant par le rare groove, la soul et le blues, et bien sur le hip-hop. De la bonne musique reste de la bonne musique et elle peut provenir de n’importe quel genre. J’écoute aussi beaucoup de dub et de reggae.

Space Invadas – Ready Or Not

Steve, tu as un sacré background musical, tu as notamment eu la chance de collaborer avec d’immenses artistes hip-hop, Slum Village, Jay Dee, dont tu parlais à l’instant, ou encore Common, quel est ton meilleur souvenir ? S : L’un de mes plus beaux souvenirs, c’est ma rencontre avec Jay Dilla, chez lui, à Los Angeles. L’excellent Leon Ware (ndlr, l’une des plus importantes plumes de la Motown 60’s, à qui l’on doit de notamment “I Want You” de Marvin Gaye), Mr French (ndlr, Mathieu Schreyer) de la radio KCRW et moi même étions chez J Dilla pour découvrir l’une de ses prods pour mon dernier solo, Space Shift. Ce que je vais dire va te paraître cucul mais quand j’ai rencontré Jay Dee, j’ai vraiment senti que j’étais en présence de quelqu’un d’extraordinaire. Il était doté de l’humilité la plus pure, d’une totale absence d’égo, d’une vibe fantastique, c’était quelqu’un de très généreux. Il nous a légué un sacré héritage…

Katalyst, tu as toi aussi collaboré avec de nombreux artistes, dont Geoff Barrow de Portishead. Avec qui rêverais-tu aujourd’hui de travailler ? K : C’est toujours une question très difficile pour moi, il y a tellement de personnes avec qui j’aimerais travailler. J’aime collaborer avec des gens qui ressentent ma musique avant toute chose. Pour les plus célèbres, ça serait vraiment cool de voir quelqu’un comme Jay-Z poser sur une de mes prods (rires). Bosser avec Ghostface Killah ou un membre du Wu Tang, ça serait très très cool…

Quels sont vos projets ? S : Je viens tout juste de terminer un projet appelé Africa Hitech, avec un artiste qui s’appelle Mark Pritchard (ndlr, DJ plus connu sous le nom de Harmonic313), qui devrait sortir très prochainement sur le label Warp Records (ndlr, label britannique sur lequel l’on retrouve notamment Flying Lotus et Jamie Lidell). L’album contient vraiment tout ce qu’on aime de lignes de basse typiquement soul. Je prévois aussi de sortir un prochain solo, dont j’ai enregistré une partie des titres. Puis, plus tard, un autre album de Space Invadas ! K : Je viens de terminer un autre album en solo, le single “Day Into Night” (ndlr, en écoute dans notre dernière sélection de nouveautés), vient de sortir sur BBE. J’ai aussi terminé un album hip-hop, enregistré avec Geoff Barrow justement, appelé Quakers. Il contient une trentaine de titres, avec 30 MCs, et devrait sortir d’ici la fin de l’année. J’ai un autre projet avec un jeune rappeur américain, Coin Locker Kid, avec qui je forme le Coin Locker Crew. Ce mec a un talent incroyable, beaucoup de fraicheur, je vous recommande sa musique ! Puis, comme l’a mentionné Steve, un autre album de Space Invadas arrivera tôt ou tard !

Planning chargé (rires) ! Merci pour cette interview les gars et à très vite ! Merci à vous !

Découvre l’album Soul:Fi

Discographie solo de Steve Spacek

Site officiel de Space Invadas